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Parole, saveur, mémoire
Parole, saveur, mémoire : vâc, rasa, smriti
Trois notions-clefs au cœur
de la littérature épique indienne
Colette PoggiL’Inde est riche d’une antique tradition orale infiniment diverse, qu’il s’agisse de textes sacrés
tels les Veda ou d’œuvres littéraires comme les poèmes épiques connus sous les noms de Mahâbhârata ou de Râmâyana. Situés généralement entre 400 av. n. è. et 200 de notre ère, ces monuments de la littérature indienne continuent de passionner aujourd’hui tous les hindous, comme s’ils demeuraient à jamais contemporains et que la présence de héros et héroïnes continuait de peupler leur existence, leurs fêtes, leur univers onirique, leur imaginaire.
Ils ne cessent de sculpter une mémoire partagée donnant vie et couleur au dharma,
la loi socio-cosmique du bon ordre des choses :
« Telle est l’essence du dharma : ne fais pas aux autres ce qui te causerait de la peine »
(Mahâbhârata, V.15, 17).
Pour le philosophe médiéval du Cachemire Abhinavagupta, les épopées se caractérisent par « ce charme puissant grâce auquel s’infuse dans le cœur des gens simples les préceptes sur la conduite à tenir (figurée par Râma) et celle à rejeter (incarnée par Râvana). » Abhinava- Bhâratî – glose du Natya Shâstra IV.263.
Les innombrables œuvres composant la littérature orale de l’Inde sont peuplées d’hommes mais aussi de dieux, de démons, et accordent la parole aux animaux, aux végétaux, aux grands éléments, océan, terre, vent…
Chaque texte, à sa manière, est véhicule d’une « parole » (vâc) vivante, douée d’une saveur (rasa) spécifique, et transmise d’âge en âge, grâce à un tissage (tantu *) de mémoire (smriti). La tradition orale, transmise de maître à disciple, de conteur à auditeur, forme ainsi le creuset d’une culture tout à la fois enracinée dans un cadre mythologique immémorial et sans cesse revivifiée par l’inventivité de ses acteurs.
Cette transmission vivante est toujours sensible dans les villages, les temples, les ashrams, pour la danse, la musique, le yoga, la philosophie, etc.
Si, en Inde comme ailleurs, tout art doit son existence à une mémoire partagée et fécondée par la créativité, il faut reconnaître le statut original accordé à la parole, depuis le Veda, dans le pays de Bhârata**.
Ces trois notions-clefs de la littérature épique indienne, parole-saveur-mémoire, cachent une immense richesse d’intuitions imagées qui ne se révèle qu’en allant au cœur des mots sanskrits et des traités. Souvent surprenantes pour celui qui en entend parler pour la première fois, ces idées conquièrent aisément par leur simplicité et leur profondeur si on les reçoit sans préjugé.[…]
* Tantu : le tissage dans son énergie dynamique, non en tant qu’objet inerte.
** Bhârata : l’Inde, du nom de l’ancêtre mythique Bharata.
http://www.infosyoga.info/
Pleine Lune
Dans la tradition du yoga, il est recommandé de ne pas pratiquer d’asanas (postures) le jour de la pleine lune. Cela vaut en fait pour toute activité physique. Notre énergie étant concentrée dans le haut du corps, nous manquons d’ancrage. Nous sommes alors plus susceptibles de nous blesser et de manière plus profonde.
Cette phase lunaire correspond à la fin de l’inspiration. Là où le prana est le plus puissant. Le souffle et l’énergie vitale (prana) étant intrinsèquement reliés, cela se traduit par une agitation mentale, une activité psychique et des émotions exacerbées.
Lors de la pleine lune, la lune fait face au soleil et reflète ainsi sa lumière. En même temps, cela implique que le soleil vient éclairer totalement la lune. Ainsi, toutes nos ombres sont révélées. Émotivité, sommeil, appétit sont influencés. Nous avons souvent du mal à dormir et tendance à manger plus que nécessaire. Si nous sommes attentifs, nous pouvons aussi remarquer qu’il y a plus d’agitation collective : au volant les gens vont plus vite et sont plus irascibles, par exemple.
En phase de pleine lune, le yoga nous invite à pratiquer des pranayamas (respirations et expansions de l’énergie) afin de réguler le prana ; des mantras japas (récitation de mantras) afin de canaliser les émotions; la méditation pour développer notre présence et fluidifier nos circulations internes.
Tripura Sundari : la beauté des trois mondes
Les deux jours qui précèdent la pleine lune correspondent à Tripura Sundari : déité incarnant la Grande Puissance Cosmique de la beauté et de l’amour divin. Ces deux jours représentent un moment fondamental dans la tradition védique (du yoga). La lune y influence notre planète de manière immensément bénéfique et offre un portail propice pour générer et étendre l’harmonie universelle. Une invitation à nous centrer sur l’amour, la beauté et à exercer notre capacité à créer l’harmonie en nous et autour de nous.
Alors que la pleine lune exacerbe notre émotivité, notre réactivité et nos peurs, Tripura Sundari nous invite à nous « asseoir » en présence pour élever notre vibration, transformer et transcender nos négativités, tout ce qui nous tire vers le bas, nous accable et nous limite. Cette phase du cycle de la lune, est un portail puissant pour faire bouger la Création.
Et pour pratiquer des méditations d’ancrage dans le coeur, de connexion avec l’amour divin illimité qui ne demande qu’à circuler librement en nous, à nourrir la pleine expression de notre potentiel créateur, à honorer notre beauté ainsi que celle de toute création saur terre et dans l’univers, dont nous ne sommes pas séparés.
La pratique de méditation de douceur et de compassion, issue de la tradition bouddhiste apparaît particulièrement enlignée durant Tripura Sundari. Je pense spontanément à la pratique du « taking and sending » (prendre et envoyer) bouddhiste. Un exemple bien connu est celui des moines qui visualisent inspirer de la fumée noire, symbole des négativités du monde, et expirent de la fumée blanche, envoyant ainsi amour, compassion et bienveillance dans le monde. Évidemment, ce type de pratique demande d’être bien ancré dans son coeur pour pouvoir transformer la fumée noire. Elle est à éviter si nous sommes sujets à l’anxiété ou dans une instabilité émotionnelle.
Méditation pour harmoniser le coeur
Nous recevons l’amour que nous pensons mériter. Tant que nous attendons la reconnaissance de l’extérieur pour nous accorder notre peine valeur et tout l’amour que nous méritons, nous limitons notre liberté, notre créativité et notre joie.
Pour être en mesure d’exprimer bienveillance et compassion envers les autres êtres vivants, s’aimer soi-même et s’accorder de l’empathie est une étape préalable incontournable. Et pourtant très souvent défiante. Car, nous avons souvent accumulé des croyances et des jugements, plus ou moins conscients, qui entravent notre liberté, notre créativité et notre joie (la plupart du temps à notre insu).
Alors que Tripura Sundari correspond à la Ste Amour en ce mois d’août 2014, je vous propose une version de la pratique « Taking and sending » pour honorer et cultiver l’amour, pour Soi et pour l’Autre, l’Univers.
Asseyez-vous dans une posture stable et confortable. Le bassin déposé sur des fessier bien ancrés, votre colonne est allongée, vos épaules détendues, la tête alignée avec cotre colonne, le menton parallèle au sol. Fermez les yeux. Ramenez votre présence dans l’espace de votre coeur. Prenez le temps de vous installer dans cette présence, dans cet espace. Une fois bien établi ici, à chaque inspiration, inspirez l’amour dans l’univers et ramenez-le dans cet espace du coeur. À chaque expiration, envoyez depuis votre coeur, de l’amour envers le vivant, pour l’univers.
Je vous souhaite une belle Ste Amour et une Tripura Sundari en présence de toute l’harmonie que vous pouvez déployer. Vous êtes des créateurs, des créatrices très puissants.
Avec amour ,
Maman Yoga
http://mamanyoga.com/
Livre
Le Long du Gange – Ilija Trojanow
Le Gange est un fleuve sacré, une déesse, c’est aussi un très long fleuve de 3000 km descendant des glaciers de l’Himalaya pour former un delta immense dans le Golfe du Bengale qui m’a fait rêver de l’avion lors de notre voyage au Cambodge.
L’auteur a descendu le fleuve du glacier à Gangotri jusqu’à Calcutta, en zodiac, à pied, en train, c’est donc le récit d’une véritable expédition au long cours qu’il nous convie.
Voyageur averti, il parle hindi et connaît les mythes de l’hindouisme. Son récit est donc émaillé de légendes.
Cependant lorsqu’il suit les pèlerins, son esprit critique est en alerte et le récit peuplé de sadhous et autres hommes saints est plein d’humour.
Rencontres avec des indiens de toutes conditions, des prêtres de sanctuaires dérisoires aux scientifiques les plus sérieux, bateliers, hôteliers, notables de villages….
Cet essai est extrêmement varié, il commence très poétiquement avec « De l’eau qui tombe d’une boucle des cheveux de Dieu » avec Shiva Ganga et les divinités fondatrices mais à ce chapitre succède une énumération comique des panneaux routiers sur une piste himalayenne, sans oublier « le salut et les économies d’énergie en prime »
Récit d’aventures avec la navigation fluviale dans les marécages et les diverses péripéties en rickshaw, en train ou en bateau. Découverte des dauphins du Gange et de leur spécialiste.
http://nataraja.over-blog.com/
Film « demain »
Thich Nhat Hanh
Méditation en Chine
Sahaja yoga
L’Inde spirituelle
https://youtu.be/rhGufJIhGX8
Sortons contempler les lumières douces et infinies de l’hiver…
Après les flammes de ce long été indien, de cette année si chaude, de ces événements récents qui nous brûlent, voici la bénédiction de la fraîcheur hivernale. Elle éteindra les flammes, réveillera la joie et la tonicité, nous permettra de plonger dans la tristesse et la nostalgie, d’ouvrir les eaux des pleurs pour laisser sortir ce qui doit, cicatrisant les blessures, nous entourant de pureté et de clarté.
Il se fait rare ces dernières années, le froid. Alors profitons-en ! Sortons contempler les lumières douces et infinies de l’hiver à travers les arbres dénudés et ses reflets angéliques sur le givre, sortons nous gorger de fraîcheur qui rougit les joues et fait monter la joie tonique et la conscience, sortons fouler les feuilles qui crissent leur moisson de richesses à venir dans les bois… et ne chauffons pas excessivement la maison. C’est la saison où il est permis de tout manger, parce que le feu qui nous anime, avivé par le froid extérieur, consume tout… et il faut le nourrir, comme un enfant gourmand et joyeux : de doux, de salé et d’acide ; d’onctuosité, de lourdeur, de gras et de liquide ; d’intériorité, de lenteur et de profondeur.
C’est lui qui nous permet d’explorer nos désirs, qui nous porteront jusqu’au printemps, épurés par la faim et le froid, et d’éclairer notre conscience. Il nourrit notre joie présente et notre fraîcheur intérieure à venir, celle qui nous gardera des brûlures des émotions, et du soleil dans quelques mois, de la vieillesse dans quelques années. Il nourrit aussi notre tonicité. C’est le moment pour la pratique lente et toute en intériorité d’exercices physiques demandant de puiser dans les tréfonds de la chair comme les longues marches, le chi gong, certaines pratiques de yoga et de pranayama… qui donnent la joie de jouer avec le froid. A cette époque de l’année, le massage est souvent pratiqué avec les pieds.
On peut aussi se retirer dans la maison et en soi-même et y mûrir comme les arbres notre floraison à venir, y rencontrer notre lumière intérieure à l’écart de la lumière omni-présente des écrans, y contempler à travers de patients travaux (fabriquer les cartes et les cadeaux peut-être) la beauté qui passe à travers nous dans la lenteur, et y préparer les nourritures qui mèneront jusqu’à la Pâque des premiers fruits et des premiers légumes nouveaux. Avec Noël, nous retrouverons nos racines, ces soleils intérieurs que sont les habitants de notre coeur, dont la lumière nous permettra de traverser la nuit et les ombres.
En cette saison où le feu impatient peut nous ronger, on peut commencer par manger beaucoup de céréales, puisque nous leur avons sans doute préféré les légumes ces derniers temps, et tous ces fruits acides et astringents que le gel a adoucis : les prunelles, l’épine-vinette, les coings, les cormes… même les poires et les pommes comme mon ami qui ne les mange que blettes, les kakis là où ils poussent, les olives… Et puis, il sera temps de profiter de ce feu qui chauffe continuellement la maison pour faire cuire à tout petit feu de grandes potées de viande, ou de légumineuses et de racines, aux herbes, aux épices, au vin, dont le parfum humide infusera la maison de bonheur, adoucissant la sécheresse du chauffage. Et de même que le liquide riche aura lentement pénétré chaque chair, de même notre chair sera pénétrée de sucs riches et régénérants, et de douceur, nourrissant notre patience, notre mémoire et notre compassion. Sans mixeur ni cocotte minute…
Si le froid nous a congelé trop vite, et que cela nous a monté à la tête, une cuillerée à soupe de vin voire une petite cuillerée de la liqueur maison le matin à jeûn peut aider, ou de l’eau chaude en boisson (oui !), ou une danse effrénée, ou de gros câlins vigoureux, ou jouer à chat avec ses enfants… Si la bronchite menace, et que les sécrétions ont du mal à se faire, du miel entre les omoplates et sur la poitrine, des feuilles de chou écrasées au rouleau par-dessus, un T-shirt bien près du corps, un bon lait chaud au miel et à la fleur d’oranger, et au dodo : si ça n’a pas guéri dans la nuit, les sécrétions se feront au moins plus facilement le lendemain.
http://www.ayurveda-france.org/
Le chant du OM et la santé
Cours Yoga Saint Maximin la Sainte Baume
Une pratique millénaire
Le OM traditionnellement représente le son primordial produit lors de la création de l’univers. Il contient en substance non seulement tous les autres sons mais aussi toutes les formes d’énergie, qui par ailleurs se matérialiseront ou non.
La pratique du OM se perpétue depuis des millénaires pour nous aider à nous libérer des fluctuations du mental et de nos maux. Malheureusement, cette pratique n’est pas assez développée dans nos pays et ses répercussions sur la santé restent sous-estimées et ceci à cause d’une réticence liée à sa relation avec la religion lndouiste.
En dehors de cette considération, le son est une vibration qui se répand dans l’atmosphère. Il faut bien comprendre que la réception du son par l’oreille n’est qu’une toute petite partie de ce qui est perçu l’ensemble du corps. Même si le OM dans sa totalité va faire vibrer tout le corps, chaque partie du OM sera néanmoins en synchronisation avec les différentes régions de celui-ci. Ainsi, lorsque nous chantons le OM, nous émettons une vibration d’harmonisation qui conduit à une équilibration de tout le corps, des pieds à la tête.
Les trois parties du OM (A O M)
Le OM se divise en trois parties :
- Le « A » représente le commencement. Il doit être prononcé la bouche grande ouverte. Il correspond plus précisément à la partie sous diaphragmatique c’est-à-dire les chakras muladara, svadhisthana, manipura (chakra racine, chakra sacré et plexus solaire).
- Le « O » représente la continuité. Il est prononcé en arrondissant la bouche pour dessiner un « O » avec les lèvres. Il concerne essentiellement la région thoracique.
- Le « M » représente la fin avec la possibilité de renouveau. C’est à ce moment la transcendance d’un état à un autre. Il est prononcé la bouche fermée et vibre plus spécifiquement dans la tête.
Le passage d’une position à une autre se fait progressivement, dans une continuité qui ne doit pas être saccadée même si la durée en est courte.
Lorsque vous chantez le OM, il vous est recommandé de limiter la phase du « A » à une simple esquisse. ll ne faut pas vous y attarder.
Par contre, c’est sur le « O » que vous devrez prolonger le chant et faire vibrer le plus longtemps possible et si vous le souhaitez en portant toute votre attention sur la région cardiaque qui est alors en résonance. Cet effet induit un message en profondeur de toute la région. Or, cette région est la plus tendue en cas d’émotions, de tensions, de nervosité… La pratique du son « O » prolongé permet une détente en douceur de cette partie qui va libérer une sensation de calme et de paix. Parfois, une sensation d’ouverture se produit qui va permettre de faciliter les échanges avec les autres. Les relations avec autrui s’en trouvent facilitées.
Le « M » tout comme le « A » ne doit pas être prolongé. Il ne sert à rien de vouloir prolonger la fin qui doit de toute façon se terminer. Le « M » résonne beaucoup dans la tête. Nous ressentons comme le phénomène d’une transcendance qui fait passer les énergies de la matière la plus dense à la vie la plus subtile. Le ‘M’ n’est pas sans nous rappeler le « humm » que nous prononçons lorsque nous apprécions par le seul aspect extérieur un plat. Le “humm” traduit la transformation du plaisir gustatif physique en un plaisir plus subtil et fin.
En résonnant dans toute la région céphalique, le « M » va apporter un apaisement de toutes les pensées parasites. Elles vont soudain apparaitre comme disciplines et couler en un seul flot.
Des effets biens connus
Le OM entraîne tout comme dans un exercice de pranayama, un allongement du souffle et notamment de l’expiration qui en est la partie tha (yin). Ainsi, il contribue à la détente et la recharge de l’énergie de réserve. Da pratique s’adresse aux personnes épuisées et excitées à la fois (vide de yin et plénitude de yang). Mais, par son action rééquilibrante globale, le OM agit sur toutes les régions du corps en permettant une harmonisation totale. Cet exercice est souvent le seul chez des personnes dispersées, excitées, nerveuses à provoquer un état rapide d’apaisement et préparer à la méditation.
Même, si ses applications sont méconnues du grand public, sa pratique acquiert progressivement ses lettres de noblesse tout comme la relaxation et la respiration qui ont droit de cité dans le traitement des troubles liés au stress et à l’anxiété. En définitive, la pratique du chant OM est l’une des plus simples qui soit. Elle ne requiert aucun matériel ni artifice, elle ne nécessite que notre Présence. Mais elle est l’une des plus efficaces pour nous mener de la souffrance à la santé.