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De nos jours, on parle de plus en plus de « développement personnel », une expression que l’on met à toutes les sauces et qui est devenu une sorte de fourre-tout dans lequel on range indistinctement des recettes en sept points pour devenir séduisant et heureux en une semaine, et des écrits qui visent à éclairer notre lanterne pour nous permettre de devenir de meilleurs êtres humains — écrits fondés sur des méthodes ancrées non pas dans la fantaisie du moment mais dans des traditions de sagesse qui ont été pratiquées pendant des millénaires par des personnes qui y consacraient une bonne partie de leur existence.Quand on parle aujourd’hui de développement personnel, il s’agit trop souvent de suggérer des changements cosmétiques qui visent davantage à pomponner notre narcissisme qu’à éradiquer nos défauts et à dissiper les brumes de notre confusion mentale.La transformation de soi-même, telle que l’ont conçue les sagesses du monde, qu’elles soient d’origine religieuses, spirituelles, ou humanistes, n’a pas pour but de flatter l’ego ou de lui apprendre à mieux réaliser ses caprices, mais de nous aider à devenir graduellement un meilleur être humain à la sueur de notre front. Cette affirmation peut paraître pompeuse, mais en vérité le but de la transformation personnelle est bien d’éradiquer l’animosité, l’attachement obsessionnel, le manque de discernement, l’arrogance, la jalousie et autres toxines mentales qui perturbent notre existence et celle des autres. Ce n’est pas une mince affaire.Ce n’est donc ni une entreprise à court terme, ni une approche égocentrée, ni une dérobade qui nous apprenne à apprécier nos défauts pour s’épargner l’effort d’y remédier.Plus que tout, il faut se demander quel sera le bénéficiaire de ce « développement personnel ». S’il s’agit uniquement de soi-même, c’est une totale perte de temps. La transformation de soi n’a de sens que si elle nous permet, par voie de conséquence, de mieux nous mettre au service des autres. Développement personnel sans bonté n’est que la construction de la tour d’ivoire de l’égocentrisme. Méditation sans bienveillance revient à passer quelques moments tranquilles dans la bulle de l’ego.La transformation personnelle doit nous permettre de passer de la confusion à la connaissance, de l’asservissement à la liberté intérieure. Son but est l’accomplissement du bien d’autrui. Un enseignement bouddhiste ne dit-il pas : « Ce qui n’est pas fait pour le bien d’autrui, ne mérite pas d’être entrepris. » À bon entendeur, salut ! «Matthieu Ricard sur son blog.http://ipapy.blogspot.fr/
Parole, saveur, mémoire
Parole, saveur, mémoire : vâc, rasa, smriti
Trois notions-clefs au cœur
de la littérature épique indienne
Colette PoggiL’Inde est riche d’une antique tradition orale infiniment diverse, qu’il s’agisse de textes sacrés
tels les Veda ou d’œuvres littéraires comme les poèmes épiques connus sous les noms de Mahâbhârata ou de Râmâyana. Situés généralement entre 400 av. n. è. et 200 de notre ère, ces monuments de la littérature indienne continuent de passionner aujourd’hui tous les hindous, comme s’ils demeuraient à jamais contemporains et que la présence de héros et héroïnes continuait de peupler leur existence, leurs fêtes, leur univers onirique, leur imaginaire.
Ils ne cessent de sculpter une mémoire partagée donnant vie et couleur au dharma,
la loi socio-cosmique du bon ordre des choses :
« Telle est l’essence du dharma : ne fais pas aux autres ce qui te causerait de la peine »
(Mahâbhârata, V.15, 17).
Pour le philosophe médiéval du Cachemire Abhinavagupta, les épopées se caractérisent par « ce charme puissant grâce auquel s’infuse dans le cœur des gens simples les préceptes sur la conduite à tenir (figurée par Râma) et celle à rejeter (incarnée par Râvana). » Abhinava- Bhâratî – glose du Natya Shâstra IV.263.
Les innombrables œuvres composant la littérature orale de l’Inde sont peuplées d’hommes mais aussi de dieux, de démons, et accordent la parole aux animaux, aux végétaux, aux grands éléments, océan, terre, vent…
Chaque texte, à sa manière, est véhicule d’une « parole » (vâc) vivante, douée d’une saveur (rasa) spécifique, et transmise d’âge en âge, grâce à un tissage (tantu *) de mémoire (smriti). La tradition orale, transmise de maître à disciple, de conteur à auditeur, forme ainsi le creuset d’une culture tout à la fois enracinée dans un cadre mythologique immémorial et sans cesse revivifiée par l’inventivité de ses acteurs.
Cette transmission vivante est toujours sensible dans les villages, les temples, les ashrams, pour la danse, la musique, le yoga, la philosophie, etc.
Si, en Inde comme ailleurs, tout art doit son existence à une mémoire partagée et fécondée par la créativité, il faut reconnaître le statut original accordé à la parole, depuis le Veda, dans le pays de Bhârata**.
Ces trois notions-clefs de la littérature épique indienne, parole-saveur-mémoire, cachent une immense richesse d’intuitions imagées qui ne se révèle qu’en allant au cœur des mots sanskrits et des traités. Souvent surprenantes pour celui qui en entend parler pour la première fois, ces idées conquièrent aisément par leur simplicité et leur profondeur si on les reçoit sans préjugé.[…]
* Tantu : le tissage dans son énergie dynamique, non en tant qu’objet inerte.
** Bhârata : l’Inde, du nom de l’ancêtre mythique Bharata.
http://www.infosyoga.info/
Pleine Lune
Dans la tradition du yoga, il est recommandé de ne pas pratiquer d’asanas (postures) le jour de la pleine lune. Cela vaut en fait pour toute activité physique. Notre énergie étant concentrée dans le haut du corps, nous manquons d’ancrage. Nous sommes alors plus susceptibles de nous blesser et de manière plus profonde.
Cette phase lunaire correspond à la fin de l’inspiration. Là où le prana est le plus puissant. Le souffle et l’énergie vitale (prana) étant intrinsèquement reliés, cela se traduit par une agitation mentale, une activité psychique et des émotions exacerbées.
Lors de la pleine lune, la lune fait face au soleil et reflète ainsi sa lumière. En même temps, cela implique que le soleil vient éclairer totalement la lune. Ainsi, toutes nos ombres sont révélées. Émotivité, sommeil, appétit sont influencés. Nous avons souvent du mal à dormir et tendance à manger plus que nécessaire. Si nous sommes attentifs, nous pouvons aussi remarquer qu’il y a plus d’agitation collective : au volant les gens vont plus vite et sont plus irascibles, par exemple.
En phase de pleine lune, le yoga nous invite à pratiquer des pranayamas (respirations et expansions de l’énergie) afin de réguler le prana ; des mantras japas (récitation de mantras) afin de canaliser les émotions; la méditation pour développer notre présence et fluidifier nos circulations internes.
Tripura Sundari : la beauté des trois mondes
Les deux jours qui précèdent la pleine lune correspondent à Tripura Sundari : déité incarnant la Grande Puissance Cosmique de la beauté et de l’amour divin. Ces deux jours représentent un moment fondamental dans la tradition védique (du yoga). La lune y influence notre planète de manière immensément bénéfique et offre un portail propice pour générer et étendre l’harmonie universelle. Une invitation à nous centrer sur l’amour, la beauté et à exercer notre capacité à créer l’harmonie en nous et autour de nous.
Alors que la pleine lune exacerbe notre émotivité, notre réactivité et nos peurs, Tripura Sundari nous invite à nous « asseoir » en présence pour élever notre vibration, transformer et transcender nos négativités, tout ce qui nous tire vers le bas, nous accable et nous limite. Cette phase du cycle de la lune, est un portail puissant pour faire bouger la Création.
Et pour pratiquer des méditations d’ancrage dans le coeur, de connexion avec l’amour divin illimité qui ne demande qu’à circuler librement en nous, à nourrir la pleine expression de notre potentiel créateur, à honorer notre beauté ainsi que celle de toute création saur terre et dans l’univers, dont nous ne sommes pas séparés.
La pratique de méditation de douceur et de compassion, issue de la tradition bouddhiste apparaît particulièrement enlignée durant Tripura Sundari. Je pense spontanément à la pratique du « taking and sending » (prendre et envoyer) bouddhiste. Un exemple bien connu est celui des moines qui visualisent inspirer de la fumée noire, symbole des négativités du monde, et expirent de la fumée blanche, envoyant ainsi amour, compassion et bienveillance dans le monde. Évidemment, ce type de pratique demande d’être bien ancré dans son coeur pour pouvoir transformer la fumée noire. Elle est à éviter si nous sommes sujets à l’anxiété ou dans une instabilité émotionnelle.
Méditation pour harmoniser le coeur
Nous recevons l’amour que nous pensons mériter. Tant que nous attendons la reconnaissance de l’extérieur pour nous accorder notre peine valeur et tout l’amour que nous méritons, nous limitons notre liberté, notre créativité et notre joie.
Pour être en mesure d’exprimer bienveillance et compassion envers les autres êtres vivants, s’aimer soi-même et s’accorder de l’empathie est une étape préalable incontournable. Et pourtant très souvent défiante. Car, nous avons souvent accumulé des croyances et des jugements, plus ou moins conscients, qui entravent notre liberté, notre créativité et notre joie (la plupart du temps à notre insu).
Alors que Tripura Sundari correspond à la Ste Amour en ce mois d’août 2014, je vous propose une version de la pratique « Taking and sending » pour honorer et cultiver l’amour, pour Soi et pour l’Autre, l’Univers.
Asseyez-vous dans une posture stable et confortable. Le bassin déposé sur des fessier bien ancrés, votre colonne est allongée, vos épaules détendues, la tête alignée avec cotre colonne, le menton parallèle au sol. Fermez les yeux. Ramenez votre présence dans l’espace de votre coeur. Prenez le temps de vous installer dans cette présence, dans cet espace. Une fois bien établi ici, à chaque inspiration, inspirez l’amour dans l’univers et ramenez-le dans cet espace du coeur. À chaque expiration, envoyez depuis votre coeur, de l’amour envers le vivant, pour l’univers.
Je vous souhaite une belle Ste Amour et une Tripura Sundari en présence de toute l’harmonie que vous pouvez déployer. Vous êtes des créateurs, des créatrices très puissants.
Avec amour ,
Maman Yoga
http://mamanyoga.com/
Livre
Le Long du Gange – Ilija Trojanow
Le Gange est un fleuve sacré, une déesse, c’est aussi un très long fleuve de 3000 km descendant des glaciers de l’Himalaya pour former un delta immense dans le Golfe du Bengale qui m’a fait rêver de l’avion lors de notre voyage au Cambodge.
L’auteur a descendu le fleuve du glacier à Gangotri jusqu’à Calcutta, en zodiac, à pied, en train, c’est donc le récit d’une véritable expédition au long cours qu’il nous convie.
Voyageur averti, il parle hindi et connaît les mythes de l’hindouisme. Son récit est donc émaillé de légendes.
Cependant lorsqu’il suit les pèlerins, son esprit critique est en alerte et le récit peuplé de sadhous et autres hommes saints est plein d’humour.
Rencontres avec des indiens de toutes conditions, des prêtres de sanctuaires dérisoires aux scientifiques les plus sérieux, bateliers, hôteliers, notables de villages….
Cet essai est extrêmement varié, il commence très poétiquement avec « De l’eau qui tombe d’une boucle des cheveux de Dieu » avec Shiva Ganga et les divinités fondatrices mais à ce chapitre succède une énumération comique des panneaux routiers sur une piste himalayenne, sans oublier « le salut et les économies d’énergie en prime »
Récit d’aventures avec la navigation fluviale dans les marécages et les diverses péripéties en rickshaw, en train ou en bateau. Découverte des dauphins du Gange et de leur spécialiste.
http://nataraja.over-blog.com/